Portait d’une réalité peu discutée: les pères à l’adolescence

hands-363340_960_720La parentalité à l’adolescence amène sont lot de défis. Qu’en est-il des caractéristiques et de la réalité spécifique aux jeunes pères?

Selon les études, il semblerait que différentes caractéristiques soient partagées par bon nombre de jeunes pères. En effet, il semblerait qu’ils soient trois fois plus probables que leurs contre-partis du même âge de provenir de familles ayant eu des difficultés financières de façon fréquente 1. Ils auraient également tendance à avoir abandonné l’école ou à présenter des difficultés académiques importantes.

Aussi, le concept de risque semble plus souvent qu’autrement associé à la paternité précoce. Il semblerait que les pères adolescents soient plus souvent impliqués dans des comportements dits déviants tels l’implication dans un gang, les batailles ou la consommation d’alcool et/ou de drogues 2.

Quelques explications…

D’abord, il faut garder en tête que les pères adolescents sont souvent stigmatisés et l’opinion générale des gens est plutôt négative. Les garçons  vivant la parentalité à l’adolescence sont souvent perçus comme absents ou insouciants 3. Toutefois, selon le discours des jeunes pères, trois raisons principales semblent expliquer cette déresponsabilisation. Premièrement, la supposition et la perception que la contraception et la prévention de la grossesse revient à la fille est un motif souvent énoncé par les jeunes pères 4. Ne posant pas trop de questions, ils font confiance à la fille qui utilise apparemment une méthode contraceptive. Cet élément souligne l’importance de faire la promotion du condom pour ainsi permettre aux garçons de s’impliquer dans la contraception.

En second lieu, l’impression que la sexualité masculine est incontrôlable est aussi un motif énoncé 4. Ainsi, parfois, même en connaissance de la situation, certains adolescents préfèrent assouvir leur désir sexuel et prendre un risque. De plus, il semblerait que plusieurs filles acceptant de ne pas utiliser le condom comme « preuve de confiance ».

Finalement, la présence d’amour et d’intimité, bien que positive, devient un facteur de risque dans la mesure où il semblerait que cela diminue la « vigilance » des couples vis-à-vis la contraception et la possibilité de grossesse 4.

Vanessa Forgues, Sexologue M.A. & psychothérapeute
infosexologie@gmail.com

Références

  1. Bunting & McAuley, 2004; Glikman, 2004; Klein & the Committee on Adolescence, 2005; Pears et al., 2005; Thornberry, Smith & Howard, 1997; Xie, Cairns & Cairns, 2001 dans Beggs Webber, 2012.
  2. Bunting & McAuley, 2004, Miller-Johnson et al., 2004, Thornberry, Smith & Howard, 1997 dans Beggs Webber, 2012.
  3. Kiselica, 2008; Luker, 1996; Paschal, 2006, cité dans Beggs Weber, 2012.
  4. Beggs Weber, 2012.

Comportements sexuels à risque chez les jeunes

young-couple-1031642_960_720L’entrée précoce dans la sexualité semble être un facteur de risque important des grossesses à l’adolescence 1. Plusieurs éléments semblent expliquer cette association. Les adolescent(e)s débutant leurs relations sexuelles avant l’âge de 15 ans semblent plus susceptibles d’avoir un nombre plus élevé de partenaires sexuels au cours de leur vie, de consommer de l’alcool ou de la drogue avant la relation sexuelle et de ne pas utiliser le condom 2. Comme souligné par plusieurs auteurs, la consommation d’alcool ou de drogues est souvent associée à des comportements sexuels à risque 3, rendant ces adolescent(e)s plus vulnérables de contracter une infection transmissible sexuellement et/ou par le sang ou de vivre une grossesse imprévue. La consommation peut altérer le jugement, diminuer la capacité à négocier le port du condom et diminuer la capacité à refuser les avances 4. Aussi, la déshinibition du comportement due à la consommation peut augmenter les chances d’initier ou de céder à des avances sexuelles 5.

Un autre facteur semble fortement corrélé avec l’entrée précoce dans la sexualité: la supervision parentale. Une meilleure supervision et un encadrement plus efficace des adolescent(e)s par leurs parents semble retarder l’entrée dans la sexualité et diminuer les comportements sexuels à risque 6. La situation familiale étant liée à la supervision parentale, il semblerait que les adolescents vivant avec leurs deux parents aient moins de comportements sexuels à risque 7.

Quelques chiffres…
• Une étude québécoise (Pica et al., 2012) a établi que 37% des élèves du secondaire âgés de 14 ans et plus ont déjà eu une relation sexuelle consensuelle (orale, vaginale ou anale), cette proportion étant plus élevée chez les filles.
• Selon cette même étude, une observation importante est liée à l’âge, allant de 25% pour les jeunes de 1re et 2e secondaire à 52% en 5e secondaire.

 

Vanessa Forgues, Sexologue M.A. & psychothérapeute
infosexologie@gmail.com

1. Baruch, 2012 et Miller et al., 1999; Longmore et al., 2001; Romer et al., 1999 et Rosenthal et al., 2001, dans Buhi & Goodson, 2006; Rotermann, 2008, dans Pica et al., 2012.
2. Markham et autres, 2009; Malhotra, 2008 et Rotermann, 2008, dans Pica et al., 2012
3. Boislard-Pépin, 2010; Kincaid et al., 2012; Kotchick et al., 2001; Lowry et al., 1994 dans Kotchik et al., 2001; Pica et al., 2012.
4. Boislard-Pépin, 2010
5. Berger & Levin, 1993, dans Boislard-Pépin, 2010
6. Bell et al., 2008; Boislard-Pépin, 2009; Boislard-Pépin, 2010; Kincaid et al., 2012; Markham et al., 2010; Resnick et al., 1997, Small & Luster, 1994 & Ku et al., 1993, dans McNeely et al., 2012 Kotchick et al.,2001 et Pica et al., 2012. 7. Boislard-Pépin, 2010;Herman & Waterhouse,2011; Kotchick et al., 2001 et Pica et al., 2012.

Impact des émissions à contenu sexuel sur le public adolescent

tv-vintageIl semble que le contenu médiatique visant la clientèle adolescente présente de plus en plus différentes formes de sexualité. Toutefois, il peut être difficile d’évaluer les impacts possibles de ce contenu sexuel. Ainsi, Manganello et al. (2010), se sont penchés sur les émissions télévisées visionnées par un public adolescent de sorte à déterminer leur capacité de jugement vis-à-vis du contenu sexuel présenté.

D’abord, il semblerait que les thèmes sexuels présentés dans les divers médias pourraient avoir un impact réel et mesurable sur l’attitude des adolescents vis-à-vis la sexualité et leurs comportements sexuels (Bleakley et al., 2008; Brown & Newcomer, 1991; Collins et al., 2004; Kunkel et al., 2007; Pardun et al., 2005; Strouse & Buerkel-Rothfuss). Étant donné que les adolescents passent de nombreuses heures devant la télé, il semblerait que ce média devienne une source de socialisation et d’éducation à la sexualité, bien que les messages diffusés aillent souvent à l’encontre des messages de prévention de la santé publique…

Selon Wards et al. (2001), il existe des différences significatives entre les sexes en ce qui concerne la perception des messages sexualisés. Les individus de sexe féminin auraient davantage tendance à percevoir les scènes comme étant réalistes. De plus, les personnes rapportant écouter la télévision plus longtemps étaient aussi plus portés à souligner le réalisme. Ainsi, l’hypothèse voulant que les jeunes écoutant la télévision de façon régulière et continue pourraient être plus influencés par les messages véhiculés dans les médias et possiblement, les intégrer et adhérer aux stéréotypes véhiculés semble être une hypothèse plausible. Selon Manganello et al. (2010), dans certains cas, les comportements sexuels et les attitudes vis-à-vis la sexualité influencent aussi la perception du contenu sexualisé présenté aux jeunes.

Parfois, les messages ou le contenu sexuel retenu par les chercheurs ou les adultes n’est pas identifié comme tel par les adolescents. Selon l’étude de Manganello et al. (2010), les chercheurs et les adolescents sont plus susceptibles d’être en accord sur l’absence de messages ou de contenu sexuel que sur sa présence. Les conclusions de cette étude ont permis de constater que la détection des messages sexualisés par les adolescents est présente lorsque la sexualité est claire (ex.: relation sexuelle), mais peu considérée lorsqu’il s’agit de séduction ou de messages à double sens. D’autres études sont toutefois nécessaires pour bien cerner les impacts des messages sur les adolescent(e)s.

 

Quelques pistes…

Plusieurs adultes se questionnent quant à la meilleure attitude à adopter face à leurs ados. Plutôt que de tenter de contrôler l’accès à tout prix, il peut être pertinent d’utiliser les contenus présentés comme des opportunités d’éducation à la sexualité. Demandez-leur par exemple de vous parler de leur perception et de leur opinion quant aux comportements et attitudes des personnages. Ainsi, en facilitant le dialogue, vous serez davantage en mesure de nuancer certaines perceptions ou encore, de déconstruire certaines croyances possiblement erronées. De plus, en démontrant de l’ouverture, votre ado comprendra qu’il peut se tourner vers vous!

Vanessa Forgues, Sexologue M.A. et psychothérapeute
infosexologie@gmail.com