Mieux comprendre l’orgasme au féminin

L’orgasme féminin a fait l’objet de beaucoup de réflexions et de discussions. Heureusement, nous avons dépassé les théories freudiennes qui classaient l’orgasme vaginal, celui des “femmes matures”, à un rang supérieur. Toutefois, pour plusieurs femmes, le désir d’atteindre l’orgasme durant le coït demeure.

D’ailleurs, une récente étude menée à l’Université de l’Indiana s’est intéressée à l’expérience des femmes quant à l’orgasme. Il s’agirait de la plus vaste étude sur le sujet représentative de la population générale menée à ce jour!

En effet, plus de 1 000 femmes âgées de 18 à 94 ans (oui, oui! 94 ans!) provenant un échantillon représentatif de la population des États-Unis ont pris part à l’étude publiée dans le Journal of Sex and Marital Therapy. L’étude a permis de recueillir des données relatives à l’orgasme durant les relations sexuelles et ainsi, établir la place du clitoris dans le plaisir sexuel féminin!

Orgasmes durant les relations sexuelles

Chez les femmes ayant eu des expériences sexuelles, environ 10% mentionnaient ne pas être en mesure d’obtenir un orgasme durant la pénétration contre 20% pour qui la pénétration à elle seule était jugée comme suffisante pour jouir. Pour le reste des femmes, elles ont rapporté de façon égale avoir besoin d’une stimulation du clitoris afin d’obtenir un orgasme ou encore, que la stimulation du clitoris, bien que non primordiale, améliorait l’intensité orgasmique.

En ce qui concerne la qualité des orgasmes, plus de 75% des femmes s’entendaient pour dire que certains orgasmes étaient plus satisfaisants que d’autres. Selon cette même étude, il semblerait que passer plus de temps à laisser monter le désir, être avec un.e. partenaire qui connait ce qu’elles aiment, la présence d’une intimité émotionnelle ainsi que la stimulation du clitoris durant le coït seraient des facteurs contribuant à plus de satisfaction. Dans un autre ordre d’idée, moins de 20% des femmes soulignaient que la durée de la relation sexuelle était un élément significatif, soutenant l’idée que la qualité est préférable à la quantité!

Et sinon?

En conclusion, il semble que bien que l’orgasme durant la pénétration vaginale soit atteignable pour certaines femmes, il semble clair que la stimulation clitoridienne demeure associée à plus de plaisir. D’ailleurs, 66,6% d’entres elles mentionnaient préférer une stimulation directe du clitoris dans un mouvement de haut en bas avec une pression moyenne.

L’étude a également permis d’illustrer que certaines femmes n’étaient pas en mesure d’atteindre l’orgasme dans le contexte d’une relation sexuelle ou encore, pas de façon constante, ce qui est congruent avec d’autres résultats de recherche estimant l’anorgasmie féminine à environ 25% (Lewis et al., 2010). Finalement, pour les femmes ressentant une détresse quant à l’absence d’orgasme, la sexothérapie est l’un des traitements qui a démontré son efficacité (Laan & Rellini, 2012).

Vanessa Forgues, Sexologue M.A. et psychothérapeute
infosexologie@gmail.com

Article: Debby Herbenick, Tsung-Chieh (Jane) Fu, Jennifer Arter, Stephanie A. Sanders & Brian Dodge (2018) Women’s Experiences With Genital Touching, Sexual Pleasure, and Orgasm: Results From a U.S. Probability Sample of Women Ages 18 to 94, Journal of Sex & Marital Therapy, 44:2, 201-212, DOI: 10.1080/0092623X.2017.1346530

Portait d’une réalité peu discutée: les pères à l’adolescence

hands-363340_960_720La parentalité à l’adolescence amène sont lot de défis. Qu’en est-il des caractéristiques et de la réalité spécifique aux jeunes pères?

Selon les études, il semblerait que différentes caractéristiques soient partagées par bon nombre de jeunes pères. En effet, il semblerait qu’ils soient trois fois plus probables que leurs contre-partis du même âge de provenir de familles ayant eu des difficultés financières de façon fréquente 1. Ils auraient également tendance à avoir abandonné l’école ou à présenter des difficultés académiques importantes.

Aussi, le concept de risque semble plus souvent qu’autrement associé à la paternité précoce. Il semblerait que les pères adolescents soient plus souvent impliqués dans des comportements dits déviants tels l’implication dans un gang, les batailles ou la consommation d’alcool et/ou de drogues 2.

Quelques explications…

D’abord, il faut garder en tête que les pères adolescents sont souvent stigmatisés et l’opinion générale des gens est plutôt négative. Les garçons  vivant la parentalité à l’adolescence sont souvent perçus comme absents ou insouciants 3. Toutefois, selon le discours des jeunes pères, trois raisons principales semblent expliquer cette déresponsabilisation. Premièrement, la supposition et la perception que la contraception et la prévention de la grossesse revient à la fille est un motif souvent énoncé par les jeunes pères 4. Ne posant pas trop de questions, ils font confiance à la fille qui utilise apparemment une méthode contraceptive. Cet élément souligne l’importance de faire la promotion du condom pour ainsi permettre aux garçons de s’impliquer dans la contraception.

En second lieu, l’impression que la sexualité masculine est incontrôlable est aussi un motif énoncé 4. Ainsi, parfois, même en connaissance de la situation, certains adolescents préfèrent assouvir leur désir sexuel et prendre un risque. De plus, il semblerait que plusieurs filles acceptant de ne pas utiliser le condom comme « preuve de confiance ».

Finalement, la présence d’amour et d’intimité, bien que positive, devient un facteur de risque dans la mesure où il semblerait que cela diminue la « vigilance » des couples vis-à-vis la contraception et la possibilité de grossesse 4.

Vanessa Forgues, Sexologue M.A. & psychothérapeute
infosexologie@gmail.com

Références

  1. Bunting & McAuley, 2004; Glikman, 2004; Klein & the Committee on Adolescence, 2005; Pears et al., 2005; Thornberry, Smith & Howard, 1997; Xie, Cairns & Cairns, 2001 dans Beggs Webber, 2012.
  2. Bunting & McAuley, 2004, Miller-Johnson et al., 2004, Thornberry, Smith & Howard, 1997 dans Beggs Webber, 2012.
  3. Kiselica, 2008; Luker, 1996; Paschal, 2006, cité dans Beggs Weber, 2012.
  4. Beggs Weber, 2012.

Comportements sexuels à risque chez les jeunes

young-couple-1031642_960_720L’entrée précoce dans la sexualité semble être un facteur de risque important des grossesses à l’adolescence 1. Plusieurs éléments semblent expliquer cette association. Les adolescent(e)s débutant leurs relations sexuelles avant l’âge de 15 ans semblent plus susceptibles d’avoir un nombre plus élevé de partenaires sexuels au cours de leur vie, de consommer de l’alcool ou de la drogue avant la relation sexuelle et de ne pas utiliser le condom 2. Comme souligné par plusieurs auteurs, la consommation d’alcool ou de drogues est souvent associée à des comportements sexuels à risque 3, rendant ces adolescent(e)s plus vulnérables de contracter une infection transmissible sexuellement et/ou par le sang ou de vivre une grossesse imprévue. La consommation peut altérer le jugement, diminuer la capacité à négocier le port du condom et diminuer la capacité à refuser les avances 4. Aussi, la déshinibition du comportement due à la consommation peut augmenter les chances d’initier ou de céder à des avances sexuelles 5.

Un autre facteur semble fortement corrélé avec l’entrée précoce dans la sexualité: la supervision parentale. Une meilleure supervision et un encadrement plus efficace des adolescent(e)s par leurs parents semble retarder l’entrée dans la sexualité et diminuer les comportements sexuels à risque 6. La situation familiale étant liée à la supervision parentale, il semblerait que les adolescents vivant avec leurs deux parents aient moins de comportements sexuels à risque 7.

Quelques chiffres…
• Une étude québécoise (Pica et al., 2012) a établi que 37% des élèves du secondaire âgés de 14 ans et plus ont déjà eu une relation sexuelle consensuelle (orale, vaginale ou anale), cette proportion étant plus élevée chez les filles.
• Selon cette même étude, une observation importante est liée à l’âge, allant de 25% pour les jeunes de 1re et 2e secondaire à 52% en 5e secondaire.

 

Vanessa Forgues, Sexologue M.A. & psychothérapeute
infosexologie@gmail.com

1. Baruch, 2012 et Miller et al., 1999; Longmore et al., 2001; Romer et al., 1999 et Rosenthal et al., 2001, dans Buhi & Goodson, 2006; Rotermann, 2008, dans Pica et al., 2012.
2. Markham et autres, 2009; Malhotra, 2008 et Rotermann, 2008, dans Pica et al., 2012
3. Boislard-Pépin, 2010; Kincaid et al., 2012; Kotchick et al., 2001; Lowry et al., 1994 dans Kotchik et al., 2001; Pica et al., 2012.
4. Boislard-Pépin, 2010
5. Berger & Levin, 1993, dans Boislard-Pépin, 2010
6. Bell et al., 2008; Boislard-Pépin, 2009; Boislard-Pépin, 2010; Kincaid et al., 2012; Markham et al., 2010; Resnick et al., 1997, Small & Luster, 1994 & Ku et al., 1993, dans McNeely et al., 2012 Kotchick et al.,2001 et Pica et al., 2012. 7. Boislard-Pépin, 2010;Herman & Waterhouse,2011; Kotchick et al., 2001 et Pica et al., 2012.